Chaque année à la même période, les responsables de maintenance sont confrontés à l’exercice de la planification budgétaire de leurs dépenses pour l’année suivante. Cet exercice, déjà complexe, est rendu encore plus illisible cette année de par l’incertitude d’approvisionnement de matières et l’instabilité des prix de vecteurs énergétiques liés au contexte géopolitique actuel.
Rappelons tout d’abord l’importance d’investir du temps dans la préparation du budget. Un budget de maintenance correctement construit et suivi va permettre de :
- Servir de base au contrôle des coûts : le budget de la maintenance représente souvent 5 à 15% des coûts de conversion d’une entreprise. Avoir une base budgétaire solide pour effectuer un suivi va permettre d’identifier les opportunités d’amélioration et les pertes éventuelles.
- Servir de base à la bonne gestion des « assets » : l’exercice budgétaire va mettre en évidence les équipements qui coutent le plus chers à la société. Suivi d’année en année, il dévoilera également les équipements dont le coût d’entretien augmente (afin d’initier les calculs pour déterminer s’il n’est pas préférable de remplacer l’équipement en question).
- Poursuivre la bonne responsabilisation des équipes de maintenance en leur fixant un cadre structuré et des limites à respecter.
Les coûts directs de maintenance constituent le budget. Pour rappel, il s’agit des pièces et des services (main d’œuvre) utilisés pour les opérations de maintenance. Nous trouverons ainsi dans le budget les salaires des techniciens, les achats de pièces de rechange, les services de main d’œuvre externe (contrats), les outils, les frais d’inspection, les assurances éventuelles. Certaines organisations incluent également les frais de recrutement et les formations.
Afin de capter toute cette information, avoir une visibilité sur l’historique de l’équipement est crucial. En effet, le manque de documentation sur les interventions passées va rendre compliqué la prédictibilité de certaines défaillances de l’équipement. Enfin, avoir constitué sa liste des pièces de stock critiques est un atout.
L’exercice budgétaire en 2022
Le contexte géopolitique actuel impacte directement les hypothèses budgétaires des sociétés en Europe occidentale.
Les coûts directs de maintenance liés au payroll et aux services externes (contrats) présentent des augmentations de l’ordre de 10 à 12%. C’est 3 à 4 fois plus important que les taux d’indexation classiques. Les coûts directs liés aux pièces de rechange ont des évolutions de prix beaucoup plus aléatoires. Il est, actuellement, impossible d’identifier des généralités. Dans le domaine des composants électroniques, par exemple, certaines pièces ont augmenté de 30% durant les dernières périodes. A ce stade, une hypothèse d’augmentation globale de 15% parait conservatrice.
L’augmentation des coûts indirects est, de notre point de vue, le risque le plus important sur la performance des industries pour les prochaines périodes. En effet, outre les augmentations de prix, la disponibilité de certaines pièces fait parfois défaut. En parallèle des révisions de prix, les délais de livraison ne cessent d’augmenter. Les commandes de pièces pour des réparations « urgentes » sont un risque à considérer pour les entreprises devant maximiser leurs volumes de production. Exceptionnellement, il est sans doute utile de (re)considérer les stratégies de mise en stock des pièces critiques (et d’accepter d’augmenter son stock d’actifs immobilisés) afin de prévenir des arrêts de lignes en cas de casse d’une pièce spécifique.